Point sur les Marchés Financiers - Décembre 2024
- vnlpatrimoine
- 9 déc. 2024
- 14 min de lecture
Marchés financiers & économie : les points clés

Une pluie de records déferle sur les marchés financiers. Le S&P 500, le Nasdaq ou encore le DAX sont à leur plus haut historique.
L’agence de notation américaine Standard & Poor’s maintient, pour l’instant, la note souveraine de la France à « AA- », assortie d’une perspective stable.
Donald Trump veut notamment rééquilibrer ses relations commerciales avec la Chine, le Mexique et le Canada, et menace d’augmenter significativement les droits de douane sur les produits importés.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
Guerre en Ukraine : le cadeau empoisonné de Joe Biden
Joe Biden a offert un singulier cadeau d’adieu aux Américains. Quelques semaines avant de quitter la Maison-Blanche, le futur ex-président des États-Unis a pris une décision lourde de conséquences : il a autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée contre la Russie. Jusqu’alors, son administration s’était systématiquement opposée à une telle escalade.
En déplacement dans la forêt amazonienne, celui que Donald Trump surnomme ironiquement “Sleepy Joe” a ainsi donné son aval au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour frapper directement des cibles stratégiques à Moscou.
Cette décision va à l’encontre de la doctrine du nouveau président élu, qui nourrit l’ambition de ramener Vladimir Poutine à la table des négociations et d’ouvrir la voie à un accord de paix durable entre les deux nations en guerre.
Pluie de records sur les marchés financiers
Les marchés financiers ne cessent de réserver leur lot de surprises. Les indices boursiers américains ont inscrit de nouveaux records, portés par les grandes valeurs de la technologie, telles qu’Apple et Meta.
Les performances du S&P 500 et du Nasdaq depuis le 1er janvier 2024 sont tout simplement remarquables, affichant respectivement une hausse de 28 % et de 34 % ! Cette année, le S&P500 a déjà battu près de 60 records historiques sur les marchés !
Le DAX, de son côté, se distingue également par sa vigueur. L’indice allemand a franchi, pour la première fois de son histoire, la barre des 20 000 points. Il enregistre une progression de 22 % depuis le début de l’année. Ainsi, le DAX surpasse de 24 % le CAC 40, qui affiche une baisse de 2 % sur la même période.
Au Japon, le Nikkei connaît une certaine stabilité depuis plusieurs semaines, mais reste en hausse de 18 % sur l’année civile. De son côté, l’indice phare chinois, le Shanghai Composite, a progressé de 15 % depuis le début de l’année.

Les performances des principaux indices boursiers en décembre 2024
Nvidia sur le toit du monde
Le champion américain des semi-conducteurs, Nvidia, écrit une nouvelle page de son histoire. En l’espace d’un an, son bénéfice net a doublé, atteignant 19,3 milliards de dollars au troisième trimestre. Une prouesse qui surpasse les prévisions des analystes, qui tablaient sur 17,4 milliards.
Quelques jours avant la publication de ces résultats époustouflants, Jensen Huang, le PDG de Nvidia, confiait déjà que la demande pour les équipements liés à l’intelligence artificielle était « incroyablement forte ».
Les revenus, eux, culminent à 35,08 milliards de dollars, marquant une augmentation de 94 % par rapport aux 13,5 milliards enregistrés l’année précédente. Là encore, Nvidia dépasse largement les attentes du marché, qui anticipait 33,2 milliards. Quant au bénéfice par action, il s’élève à 81 cents, surpassant les 75 cents projetés.
Du rififi chez Stellantis ?
Longtemps auréolé de succès et considéré comme une figure incontournable de l’industrie automobile, Carlos Tavares a été brusquement évincé de son poste. Le groupe Stellantis a annoncé la démission « avec effet immédiat » de son PDG, une décision qui a fait grand bruit dans les sphères économiques. Henri de Castries, administrateur indépendant principal, a justifié ce départ soudain en évoquant dans la presse « des divergences de vues » avec le conseil d’administration.
Cette mise à l’écart s’explique par une dégradation rapide de la situation économique du groupe, notamment marquée par une chute significative des ventes sur le marché américain. Un coup dur pour Stellantis, dont les résultats dépendent fortement de cette région stratégique.
Malgré cette fin de mandat tumultueuse, le bilan de Carlos Tavares reste impressionnant. Il restera dans les mémoires comme l’architecte de la mégafusion entre PSA et Fiat-Chrysler, un projet ambitieux ayant donné naissance à Stellantis, un mastodonte regroupant quatorze marques emblématiques telles que Peugeot, Fiat et Maserati. On lui doit également le redressement spectaculaire d’Opel, autrefois en grande difficulté.
L’annonce de ce départ a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers. Le lendemain, l’action de Stellantis a dévissé de 6,37 %, illustrant la nervosité des investisseurs face à l’avenir incertain du groupe. Une page se tourne, laissant place à de nombreuses interrogations sur la stratégie et la direction future de ce géant de l’automobile.
S&P maintient (pour l’instant) la note de la France
Contre toute attente, l’agence de notation Standard & Poor’s a décidé de maintenir la note souveraine de la France à « AA- », assortie d’une perspective stable. Cette décision surprend d’autant plus que, quelques semaines plus tôt, les agences Fitch et Moody’s avaient, elles, choisi de maintenir leur note tout en abaissant leur perspective à « négative ».
Dans son évaluation, S&P souligne que la France reste « une économie équilibrée, ouverte, riche et diversifiée », des qualificatifs qui semblent justifier cette stabilité apparente. Cependant, ce constat optimiste paraît, à certains égards, déconnecté des défis auxquels le pays est confronté. Les analystes de l’agence tablent sur une « consolidation graduelle des finances publiques à moyen terme » et sur une adhésion, même retardée, au cadre budgétaire européen.
Néanmoins, l’agence n’exclut pas d’ajuster son jugement si les vents politiques venaient à tourner. Dans son communiqué, elle prévient qu’un abaissement de la note serait envisageable si le gouvernement échouait à réduire ses déficits budgétaires ou si la croissance économique venait à s’essouffler durablement.
François Ecalle, ancien magistrat financier et fondateur du site spécialisé Fipeco, met en garde : « Tant que la France demeure dans la catégorie double AA, l’impact sur les marchés restera limité. En revanche, le véritable signal d’alarme serait un déclassement au simple A. » Une perspective qui, si elle devait se concrétiser, marquerait un tournant décisif pour l’économie française.
Taux : la France dans l’œil du cyclone ?
Jusqu’où ira la chute ? Les taux d’emprunt français ont désormais dépassé ceux de la Grèce, un renversement inattendu. Il faut rappeler qu’Athènes se trouvait au bord de la faillite il y a une dizaine d’années, symbole d’une économie vacillante et d’une crise financière qui avait fait trembler l’Union Européenne.
Les marchés financiers, sensibles à la moindre incertitude, réagissent avec nervosité. Les doutes concernant la capacité de la France à maîtriser son endettement ne cessent de s’intensifier, nourris par les menaces d’une motion de censure qui plane sur le gouvernement de Michel Barnier. Une situation d’autant plus critique que les parlementaires doivent prochainement voter le budget de 2025 et s’accorder sur des mesures d’austérité, afin de prévenir un dérapage inquiétant des comptes publics.
Actuellement, le taux des emprunts français à dix ans atteint 3,05 %, dépassant légèrement celui de la Grèce, fixé à 3,02 %. Le spread France-Allemagne est également passé de 40 points à 80 points en l’espace de quelques mois. Face à cette situation, Michel Barnier, Premier ministre de France, n’a pas caché son inquiétude et admis que « le moment était très grave ».
Le bitcoin s’envole
Aux États-Unis, certains actifs, choyés par Donald Trump, ont connu un essor fulgurant à la faveur de l’élection du nouveau président américain. Parmi les grands gagnants du phénomène surnommé « Trump Trade », figurent les cryptoactifs.
Dans les huit jours ayant suivi l’élection de Donald Trump, le cours du Bitcoin s’est envolé de plus de 30 %. Depuis le début de l’année, sa progression atteint une hausse presque indécente de de 134 %, portant son prix à un niveau record, au-delà des 101 000 $.
« The Donald » nourrit l’ambition assumée de faire des États-Unis « la capitale mondiale des cryptomonnaies ». Pour y parvenir, le président fraîchement réélu entend abattre les barrières réglementaires qui freinent l’adoption de ces actifs.
La COP 2029 : des négociations difficiles
La montagne, hélas, a accouché d’une souris. De l’avis unanime des spécialistes, la COP29, tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, s’est soldée par un échec. Rassemblant près de 200 pays, cette conférence s’est déroulée dans une atmosphère lourdement marquée par des tensions géopolitiques.
« À la COP29, les négociations ont souffert des antagonismes géopolitiques », déplore Céline Kauffmann, directrice des programmes à l’Institut du développement durable et des relations internationales, dans une tribune publiée dans Le Monde.
Même le Secrétaire exécutif d’ONU Climat, Simon Stiell, a reconnu cette désillusion : « Aucun pays n’a obtenu tout ce qu’il espérait, et nous quittons Bakou avec une montagne de travail devant nous. »
Le principal point de discorde a concerné la réduction des émissions, en particulier l’élaboration d’un agenda pour la sortie progressive des énergies fossiles. Ce dossier a été freiné par des stratégies d’obstruction menées par l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde : l’Arabie saoudite.
Cependant, malgré ces déchirements, la COP29 a accouché d’un accord laborieux. Celui-ci prévoit de tripler le financement destiné aux pays en développement, passant de l’objectif initial de 100 milliards de dollars par an à 300 milliards d’ici à 2035.
Par ailleurs, une note d’optimisme transparaît dans les projections de l’Agence internationale de l’énergie : en 2024, les investissements mondiaux dans le secteur énergétique devraient franchir, pour la première fois, le seuil des 2 000 milliards de dollars.
Les États-Unis : un effet « Trump » sur les marchés ?
Les États-Unis affichent une excellente santé économique ! Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l’économie américaine en 2024, les portant de 2,6 % à 2,8 %. L’institution internationale entrevoit par la suite un atterrissage en douceur : une progression de 2,4 % est attendue en 2025, suivie d’une croissance stable à 2,1 % en 2026.
Des indicateurs bien orientés
Les dernières statistiques publiées confirment la solide dynamique de l’économie américaine. Bien que l’indice PMI manufacturier enregistre une légère hausse, passant de 48,5 à 48,8, celui des services affiche une progression bien plus marquée en novembre, bondissant de 55 à 57. Cette embellie dépasse les prévisions des analystes, qui s’attendaient à une simple stabilisation. Parallèlement, les ventes au détail poursuivent leur ascension, progressant de 0,4 % sur un mois.
La confiance des acteurs économiques suit également une trajectoire ascendante. Ainsi, l’indice des PME (NFIB Index) progresse plus rapidement que prévu, atteignant 93,7 après avoir été mesuré à 91,5 le mois précédent. De même, l’indice Empire State Manufacturing enregistre une remontée spectaculaire, s’établissant à 31,2 après un niveau désastreux de -11,9. Quant à la confiance des ménages, elle n’est pas en reste, passant de 109,6 à 111,7.
Autre signe encourageant, les promoteurs immobiliers témoignent eux aussi d’un regain d’optimisme. L’indice NAHB, qui mesure leur confiance, grimpe de 43 à 46, surpassant les attentes fixées à 42. Cependant, tout n’est pas rose dans le secteur de l’immobilier : les mises en chantier (-3,1 % sur un mois), les ventes de maisons neuves (-17,3 % en octobre) et les permis de construire (-0,6 % sur un mois) affichent des résultats en deçà des espérances.
Le marché du travail résiste
Les offres d’emploi aux États-Unis ont enregistré une hausse modérée en octobre, tandis que le nombre de licenciements a diminué de 372 000, pour atteindre 7,744 millions, selon le Bureau des statistiques du travail du département du Travail. Cette baisse suggère que le marché du travail continue de ralentir de manière ordonnée. Les licenciements ont, en revanche, reculé de 169 000 pour s’établir à 1,633 million, tandis que les embauches ont chuté de 269 000, pour atteindre 5,313 millions. Selon le « Bureau of Labor Statistics », l’économie américaine a créé 227’000 emplois en novembre. Le taux de chômage est, quant à lui, très légèrement monté en novembre à 4,2%, comme prévu par les experts.
Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste chez Montpensier Finance, souligne cette dynamique positive, alors que la présidence américaine s’apprête à passer le relais. « La future administration Trump héritera d’une économie en grande forme. Croissance, inflation, emploi, productivité, tous les voyants sont au vert Outre-Atlantique. Les rivaux européens et même chinois font pâle figure en comparaison ».
Une nouvelle guerre commerciale ?
Donald Trump, avant tout, se veut négociateur. Pour se placer en position de force dans la renégociation des accords commerciaux de son pays, il a choisi de recourir à une stratégie de pression maximale sur ses principaux partenaires.
Le président récemment réélu a ainsi annoncé que, dès son investiture, il signerait un décret imposant des droits de douane de 25 % sur les produits en provenance du Mexique et du Canada, tout en augmentant de 10 % les tarifs douaniers sur les importations chinoises.
Ces mesures, selon lui, se justifient par des griefs récurrents : le déficit commercial avec Pékin qu’il attribue à des pratiques qu’il qualifie de déloyales, l’arrivée d’opiacés en provenance du Canada, ainsi que la pression migratoire venant du Mexique. À ce jour, près de 43 % des biens importés par les États-Unis proviennent de ces trois nations : le Mexique (15,4 %), le Canada (13,6 %) et la Chine (13,9 %).
Face à ces annonces, la diplomatie chinoise n’a pas tardé à faire entendre sa voix. « Personne ne sortira vainqueur d’une guerre commerciale. La Chine considère que la coopération économique et commerciale entre nos deux nations est, par essence, mutuellement bénéfique », a déclaré Liu Pengyu, porte-parole officiel de Pékin.
Les mois à venir s’annoncent d’une intensité redoutable. L’administration Trump devra manœuvrer avec une grande prudence, car cette stratégie pourrait rapidement se retourner contre les Américains eux-mêmes. « Selon les analyses de la Tax Foundation, l’imposition d’un droit de douane de 10 % sur l’ensemble des biens entrant aux États-Unis, combinée aux probables mesures de rétorsion des partenaires commerciaux concernés, pourrait réduire la croissance américaine de plus d’un point en une année pleine », avertit Wilfrid Galand.
Une position plus attentiste de la FED ?
Après sept mois consécutifs de recul, le taux d’inflation annuel aux États-Unis a de nouveau accéléré, atteignant 2,6 % en octobre 2024, contre 2,4 % en septembre. Les hausses de droits de douane imposées par Donald Trump, qui fera son retour à la Maison-Blanche en janvier, pourraient continuer de nourrir les pressions inflationnistes.
Alors que l’inflation semblait se rapprocher de son objectif cible, la Réserve fédérale pourrait donc mettre fin à sa politique de baisse des taux, entamée en septembre. Les taux se situent actuellement dans une fourchette de 4,50 à 4,75 %, après avoir été réduits à deux reprises consécutives.
Jerome Powell a lui-même confirmé que la Fed ne se hâterait pas de diminuer ses taux, se sentant rassurée par une croissance économique stable, un marché de l’emploi solide et une inflation toujours supérieure à l’objectif de 2 %.
L’économie européenne : fragile mais résiliente
L’économie européenne plie sans rompre. Malgré un climat morose, elle semble destinée à échapper à la récession. D’après Bruxelles, la croissance de la zone euro devrait atteindre 0,8 % en 2024, avant de s’accélérer modestement à 1,3 % en 2025, puis à 1,6 % en 2026.
Un net ralentissement
Les nuages s’accumulent au-dessus de la zone euro. L’activité économique accuse un net ralentissement, comme en témoigne l’indice PMI composite, tombé à 48,1. La confiance des ménages, quant à elle, continue de s’éroder, passant de -12,5 à -13,7 en novembre. Les indicateurs sectoriels ne sont guère plus encourageants : le PMI manufacturier recule de 46 à 45,2 (contre une estimation de 46), et celui des services chute de 51,6 à 49,2 (alors qu’il était également attendu à 51,6).
Et ce n’est pas tout. La production industrielle déçoit, enregistrant un recul de -2 % en rythme mensuel, là où une baisse de -1,4 % était anticipée. Ce ralentissement s’explique en grande partie par les difficultés croissantes des deux piliers traditionnels de l’économie européenne : l’Allemagne et la France.
– L’Allemagne, moteur grippé de l’Europe
Jusqu’où ira la dégringolade de l’économie allemande ? Deux de ses secteurs phares, l’industrie automobile et la chimie, traversent une période critique, plombés par des défis structurels et conjoncturels.
Le moral des ménages, déjà fragile, continue de s’effondrer. L’indice GfK, qui mesure le climat de consommation, a plongé à -23,3 points en novembre 2024, bien en deçà du consensus qui tablait sur -18,6. Symbole de cette inquiétude croissante, l’épargne des Allemands atteint des niveaux records, traduisant une frilosité face à l’avenir.
Les perspectives pour les mois à venir s’annoncent tout aussi sombres. L’économie allemande, fortement tributaire de ses exportations, doit affronter deux vents contraires : le ralentissement structurel de l’économie chinoise et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, marqué par son intention de renégocier les accords commerciaux avec tous ses partenaires. Selon un sondage réalisé par l’institut IFO, 90 % des économistes interrogés estiment que l’Allemagne souffrira des conséquences de cette nouvelle donne.
L’Allemagne, premier exportateur européen vers les États-Unis, est particulièrement vulnérable. En 2023, ses entreprises ont exporté pour près de 158 milliards d’euros de biens outre-Atlantique, devançant de loin l’Italie (67 milliards), l’Irlande (51 milliards) et la France (44 milliards). Mais cette relation privilégiée pourrait être mise à mal.
Selon l’institut IFO, l’introduction de nouveaux tarifs douaniers américains pourrait entraîner une chute de 14,9 % des exportations allemandes vers les États-Unis, soit une perte estimée à 23,5 milliards d’euros. Les secteurs les plus touchés seraient l’automobile, avec un repli de 32 %, et l’industrie pharmaceutique, qui pourrait accuser une baisse allant jusqu’à 35 %.
– France : la crise politique en gestation
D’après de nombreux économistes, l’économie française semble figée, suspendue à l’incertitude qui plane sur l’échiquier politique national. La chute du gouvernement dirigé par Michel Barnier a laissé le pays en quête d’un nouveau Premier ministre, une recherche d’autant plus délicate qu’elle intervient à un moment critique : en plein examen de la loi de finances pour 2025, texte fondamental qui doit façonner le budget de la nation.
Le calendrier, pour le moins inopportun, ne fait qu’accentuer les tensions. Cette instabilité politique, comme on pouvait s’y attendre, est loin de rassurer les marchés financiers. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le fossé qui se creuse entre les taux d’emprunt à long terme de la France et de l’Allemagne. Tandis que les obligations françaises affichent un rendement de 3,02 %, celles de l’Allemagne se stabilisent à 2,16 % sur 10 ans. Ce différentiel, ou « spread », atteint désormais des niveaux inédits depuis juillet 2012, témoignant d’une défiance accrue vis-à-vis de la solidité financière hexagonale.
La BCE au chevet de l’économie européenne
En Europe, l’inflation a marqué un ralentissement, enregistrant une baisse de 0,3 % sur un mois, se rapprochant ainsi de l’objectif fixé de 2 % (2,3 % en rythme annuel). Dans ce contexte, les discours conciliants de plusieurs gouverneurs de banques centrales, conjugués aux incertitudes politiques en France, semblent indiquer une orientation favorable à un assouplissement de la politique monétaire. Ce climat pourrait inciter la Banque centrale européenne (BCE) à adopter une approche plus accommodante, avec à la clé de potentielles nouvelles baisses de taux.
À l’occasion de la présentation du dernier rapport sur la stabilité financière de la BCE, Christine Lagarde a d’ailleurs reconnu que « la croissance économique restait fragile ». La présidente de l’institution a également mis en lumière « les inquiétudes liées aux perspectives du commerce mondial, qui viennent s’ajouter à une instabilité géopolitique et politique déjà prégnante ».
Dans un tel contexte, il paraît fort probable que Francfort opte pour un nouvel abaissement de ses taux. Certains analystes vont jusqu’à envisager un allègement significatif, de l’ordre d’un demi-point sur les taux directeurs. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a pour sa part affirmé la nécessité de « garder l’esprit ouvert sur cette question », laissant entendre que des marges de manœuvre existent.
Pour mémoire, le principal taux directeur de la BCE, à savoir le taux de dépôt, avait déjà été réduit de 25 points de base en octobre dernier, pour s’établir à 3,25 %.
La Chine, première victime de l’arrivée de Donald Trump au pouvoir ?
Les mesures annoncées par le gouvernement chinois et la Banque centrale pour stimuler l’économie nationale commencent, peu à peu, à porter leurs fruits. Pékin a en effet injecté 2 000 milliards de yuans dans le système économique et autorisé l’émission de 10 000 milliards de yuans de dette sur une période de cinq ans.
Une reprise du secteur industriel
Les signes de reprise ne se font pas attendre : l’activité des usines est repartie à la hausse, et la production industrielle a progressé de 5,3 % en rythme annuel au mois d’octobre. Un chiffre encourageant, bien qu’en deçà des attentes initiales. Dans le même temps, l’indice PMI s’est légèrement redressé, passant de 50,1 à 50,3, signe d’une activité manufacturière qui franchit à nouveau le seuil de l’expansion.
Autre lueur d’espoir, les ventes au détail affichent une progression notable, enregistrant une hausse de 4,8 % en rythme annuel. De plus, la confiance des acteurs économiques s’améliore timidement : l’indice de sentiment économique est passé de 95,7 à 95,8. Cependant, ces embellies restent assombries par des faiblesses persistantes. Le secteur des services, notamment, connaît un ralentissement significatif, avec une baisse de son rythme de croissance, de 6,8 % à 5,3 % en novembre. À cela s’ajoute la contraction des bénéfices industriels, en recul de 10 % sur un an.
Malgré ces signaux mitigés, les investisseurs espèrent que le gouvernement chinois annoncera de nouvelles mesures de soutien, cette fois davantage orientées vers les ménages. Une attente d’autant plus pressante que les tensions commerciales avec les États-Unis pourraient s’intensifier dans les mois à venir. Le président Donald Trump envisage en effet d’imposer des droits de douane oscillant entre 20 % et 60 % sur les importations chinoises, une menace qui plane comme une épée de Damoclès sur la croissance du géant asiatique.
Une croissance inférieure à 4 % : un scénario redouté
Les perspectives économiques de la Chine continuent de susciter l’inquiétude des analystes. Selon les économistes de JPMorgan, le taux de croissance du pays pourrait tomber sous la barre des 4 % d’ici 2025, soit un point de moins que l’objectif initialement fixé par Xi Jinping.
Pourtant, la Chine conserve une certaine marge de manœuvre budgétaire pour réagir face aux défis économiques et géopolitiques. Une relance économique ambitieuse pourrait, en outre, avoir des répercussions positives bien au-delà de ses frontières, offrant un souffle d’air frais aux économies émergentes, et particulièrement à ses voisins les plus proches.
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