Point sur les Marchés Financiers - Mars 2025
- vnlpatrimoine
- 20 mars
- 12 min de lecture
Les points clés
Les marchés financiers européens mènent la danse, sous l’impulsion du secteur de la défense.
Une récession pourrait prochainement toucher les États-Unis, notamment en raison d’une hausse significative des droits de douane sur les importations américaines.
La BCE abaisse une nouvelle fois ses taux directeurs de 25 points de base. Cette décision attendue ramène le taux de dépôt à 2,50 %.
L’Allemagne relance son économie en mettant en œuvre un fonds d’infrastructures de 500 milliards d’euros sur dix ans.

Quelles performances sur les marchés financiers ?
Guerre entre l’Ukraine et la Russie : Donald Trump impose sa loi
Donald Trump affiche sa volonté de mettre un terme à la guerre opposant l’Ukraine à la Russie. Pour ce faire, il a suspendu le soutien financier et matériel jusqu’ici accordé à l’armée ukrainienne.
Fin février, une rencontre tendue s’est tenue dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche entre le président américain, son vice-président et Volodymyr Zelensky. Devant les caméras du monde entier, l’échange a rapidement tourné à l’affrontement.
Alors que le président ukrainien tentait de sensibiliser Donald Trump en déclarant : « Tout le monde a des problèmes, même vous, mais vous avez un bel océan. Vous ne le ressentez pas encore, mais vous le sentirez à l’avenir », le président républicain s’est aussitôt lancé dans une diatribe cinglante, fidèle à son style habituel. S’adressant sans ménagement à son interlocuteur, il répliqua : « Vous n’êtes pas en position de dicter ce que nous allons ressentir. Nous allons nous sentir très bien et très forts. Vous, en revanche, vous êtes laissé enfermer dans une situation désastreuse. Vous n’avez pas les cartes en main. »
Quelques jours plus tard, Donald Trump affirmait, sans ambages, qu’un accord sur l’exploitation des minerais constituait la seule garantie sécuritaire dont l’Ukraine avait besoin face à la Russie. La position américaine demeure donc inchangée : aucune discussion sur une force de maintien de la paix ne sera engagée avant la signature d’un accord entre Moscou et Kiev.
Bitcoin : la fin des Trump Trades ?
Les investisseurs se détourneraient-ils déjà des valeurs prisées par le président américain ? Parmi elles, les cryptoactifs semblent particulièrement affectés.
Le Bitcoin, souvent qualifié de reine des cryptomonnaies, a ainsi chuté de plus de 25 % depuis son record post-électoral. Ce plongeon s’explique notamment par le piratage massif de la plateforme d’échange Bybit, victime d’un vol de 1,46 milliard de dollars orchestré par le groupe de hackers nord-coréen Lazarus, ainsi que par des inquiétudes économiques grandissantes. Face à ces incertitudes, les investisseurs prennent leurs distances avec les cryptoactifs. Le Bitcoin évolue désormais autour de 74 000 €, bien loin de son sommet de 101 976 €. Témoignant de cette fébrilité, l’indice Crypto Fear and Greed s’effondre à 10/100 (signalant une peur extrême), contre 55/100 une semaine auparavant.
C’est dans ce climat d’instabilité que Donald Trump, lui-même investisseur en cryptomonnaies, a choisi d’annoncer la création d’une Réserve Stratégique Crypto, incluant Bitcoin, Ethereum, Solana, XRP et Cardano. Une initiative inscrite dans une logique résolument “America First”, qui précède un sommet sur les cryptomonnaies à la Maison-Blanche, destiné à renforcer les liens entre le gouvernement et le secteur privé.
Aussitôt après cette déclaration, l’écosystème crypto a connu un sursaut spectaculaire, gagnant 300 milliards de dollars en capitalisation !
Marchés financiers actions : l’Europe retrouve des couleurs
Les valeurs de la tech américaine, et notamment les « Sept Magnifiques », traversent une période plus difficile. Sur les trente derniers jours, le Nasdaq 100 accuse un repli de plus de 6 %. Dans le même temps, Nvidia, la coqueluche des marchés financiers, abandonne près de 15 %.
Selon les calculs de Bloomberg, les « Sept Magnifiques » affichent néanmoins un ratio cours/bénéfice toujours élevé de 32,9, soit environ 40 % de plus que la moyenne des autres actions à grande capitalisation.
À l’inverse, les places boursières européennes se montrent particulièrement dynamiques.
Le DAX 30 s’adjuge ainsi une progression de 6 % sur un mois glissant. Le CAC 40, quant à lui, gagne 2 % sur la même période et atteint un nouveau record historique à 8 216 points, porté par l’essor des entreprises du secteur de la défense.
Cette envolée intervient alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan d’investissement de 800 milliards d’euros destiné à renforcer la défense européenne et à soutenir l’Ukraine, tandis que l’administration Trump a brutalement suspendu l’aide militaire américaine à Kiev. Dans ce contexte, les valeurs de l’armement s’envolent : l’action Thales bondit de 53 % en un mois, suivie de Dassault Aviation (+ 36 %) et de Rheinmetall (+ 61 %).
Comme le souligne avec son mordant habituel le spécialiste des marchés financiers, Thomas Veillet, : « L’armement européen vit sa meilleure vie ! »
En Asie, la tendance est contrastée : l’indice Shanghai Composite progresse de 2 %, tandis qu’au Japon, le Nikkei 225 recule de 5 %.

Les États-Unis : une prophétie autoréalisatrice ?
En économie, les prophéties peuvent, elles aussi, se révéler autoréalisatrices. Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump n’a eu de cesse d’affirmer que l’économie américaine était en péril, bien que nul indicateur macroéconomique majeur — qu’il s’agisse de l’emploi, de la consommation ou de l’investissement — ne vînt étayer cette thèse. Or, par ses mesures drastiques en matière de politique commerciale et son recours accru aux barrières douanières, « The Donald » pourrait bien fragiliser l’économie de la première puissance mondiale.
Le spectre d’une « Trumpcession » ?
Le spectre d’une récession aux États-Unis, conséquence des politiques économiques de Donald Trump, semble se préciser. Le modèle GDPNow de la Fed d’Atlanta, réputé pour sa fiabilité, vient d’être fortement révisé à la baisse. La prévision de croissance pour le premier trimestre s’effondre, passant de +4,0 % à -2,8 %. Une dégringolade vertigineuse, que les analystes attribuent à un déficit commercial record et à une industrie manufacturière en déclin.
– Des signes avant-coureurs
Ces inquiétudes trouvent un écho chez Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance : « Plusieurs signaux d’alerte se sont allumés ces dernières semaines. Les publications des différentes Fed régionales témoignent d’une détérioration du climat des affaires. Ainsi, l’indice manufacturier de la Fed de Dallas, publié le 24 février, chute brutalement à – 8,3, contre + 14,1 en janvier. Celui de la Fed de Philadelphie, bien que toujours positif à +18,1, a perdu plus de 26 points en un mois. »
Puis, tel un inventaire à la Prévert, il énumère les nuages noirs s’amoncelant au-dessus de l’économie américaine : « Les premiers signes de ralentissement de l’activité, la montée des inquiétudes des ménages et des entreprises dans les derniers indicateurs, les craintes liées à l’augmentation généralisée des coûts sous l’effet des hausses de taxes douanières initiées par la nouvelle administration américaine, ainsi que les ripostes commerciales des partenaires des États-Unis, sont autant de facteurs rendant l’avenir particulièrement incertain. »
La récente baisse de la confiance des consommateurs constitue d’ailleurs un signal d’alarme à ne pas négliger. L’indice de confiance du Conference Board s’établit à 98,3 en février, contre 105,3 en janvier (révisé de 104,1), alors qu’il était attendu à 102,7. Il s’agit de la plus forte contraction mensuelle depuis août 2021. Les ménages, anticipant une nette dégradation du marché de l’emploi, réduisent d’ores et déjà leurs dépenses, en recul de -0,5 % en volume en janvier.
Autre mauvaise nouvelle, les derniers chiffres de créations d’emploi sont en deçà des attentes. 141 000 nouveaux emplois étaient anticipés. Le chiffre est sorti à seulement 77 000.
– La peur de l’inflation
Les PME ne sont guère plus optimistes : l’indice NFIB chutant de 105,1 à 102,8. Une lueur d’espoir demeure néanmoins : la production industrielle a surpris à la hausse, progressant de +0,5 % sur un mois, tandis que la croissance s’accélère dans le secteur des services. L’indice ISM est, en effet, ressorti à 53,5 le mois dernier contre 52,8 en janvier, alors que les économistes l’attendaient autour de 53.
Mais pour Eric Vanraes, de la Banque Eric Sturdza, c’est ailleurs que réside la véritable menace : « Ce qui est le plus préoccupant, ce n’est pas tant l’état actuel du marché de l’emploi que la raison profonde qui pousse les consommateurs à restreindre leurs achats et à envisager de les réduire davantage. Ce n’est pas une simple prudence, mais la peur palpable d’un retour de l’inflation, alimentée par les Trumponomics, dont l’emblème demeure la politique protectionniste des droits de douane. »
Droits de douane : l’arme fatale
L’une des principales promesses de campagne de Donald Trump était sans équivoque : l’instauration de droits de douane réciproques. Autrement dit, le président souhaitait imposer aux produits étrangers entrant sur le sol américain les mêmes taxes que celles appliquées aux exportations américaines vers ces pays.
– Art of the deal
Dès le début de son mandat, Donald Trump a mis ses menaces à exécution. Le nouvel occupant de la Maison-Blanche a relevé les droits de douane sur les importations en provenance des partenaires économiques des États-Unis.
La première mesure emblématique fut l’augmentation des taxes à 25 % sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis, sans distinction d’origine. Même des pays naguère exemptés, comme le Canada et le Mexique, ont été concernés par cette décision.
Dans les coulisses de négociations intenses, Donald Trump a néanmoins suspendu l’essentiel des droits de douane qu’il avait annoncés à l’encontre du Mexique et du Canada, au moins jusqu’au 2 avril.
Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, souligne d’ailleurs : « L’objectif de l’administration Trump n’est pas tant d’imposer des taxes massives et généralisées que de négocier, au cas par cas, avec ses partenaires commerciaux sur des dossiers variés : les questions migratoires avec le Mexique, ou encore la technologie et la défense avec la Chine. Les annonces de barrières douanières servent ainsi de levier pour obtenir des accords avantageux pour les intérêts américains. »
– L’Europe et la Chine dans le viseur
Les négociations avec Pékin pourraient également s’intensifier dans les semaines à venir, la Chine représentant le plus important déficit commercial des États-Unis. Début mars, le président américain avait signé décret portant à 20 % les droits de douane supplémentaires sur l’ensemble des produits chinois entrant aux Etats-Unis.
Autre cible privilégiée : l’Union européenne, qui pèse pour 18,6 % des importations américaines. Donald Trump avait ainsi annoncé une hausse de 25 % des droits de douane sur les importations européennes, sans toutefois les avoir encore mis en œuvre.
La Commission européenne n’a pas tardé à réagir, affirmant qu’elle répondrait « fermement et immédiatement » à toute nouvelle hausse des droits de douane. Il faut dire que Donald Trump n’a jamais caché son hostilité envers Bruxelles, qu’il accuse d’avoir été « conçue pour emmerder les États-Unis ». Un message au moins aussi tranchant que sa politique commerciale.

La prudence de la FED
L’inflation américaine marque un ralentissement. Selon le ministère du Commerce des États-Unis, elle s’est établie à 2,5 % sur un an en janvier, contre 2,6 % le mois précédent, après plusieurs accélérations consécutives. L’indice Core PCE, particulièrement scruté par la Réserve fédérale, a été publié en parfaite conformité avec les attentes, reculant de 2,9 % à 2,6 %.
Cela suffira-t-il à convaincre la banque centrale américaine de poursuivre la baisse de ses taux d’intérêt ? Rien n’est moins sûr.
La menace croissante de nouveaux droits de douane, brandie par l’administration Trump, pourrait raviver les tensions inflationnistes. Une récente enquête de la Fed révèle en effet que de nombreuses entreprises prévoient d’augmenter leurs prix en réaction à ces mesures protectionnistes. « Les acteurs du secteur industriel, qu’il s’agisse de la pétrochimie ou des fournitures de bureau, ont exprimé leurs inquiétudes face aux bouleversements à venir en matière de politique commerciale », souligne la banque centrale.
Donald Trump, de son côté, a reconnu qu’il pourrait y avoir « quelques perturbations, mais nous sommes prêts à les accepter. Ce ne sera pas grand-chose ».
Raphael Bostic, président de la Réserve fédérale d’Atlanta, a donc annoncé que la Fed pourrait devoir maintenir sa politique actuelle encore quelque temps : « il faudra peut-être patienter jusqu’à l’été avant d’envisager une nouvelle baisse des taux. »
Zone euro : une économie de guerre ?
Le spectre de la stagflation, redouté par les dirigeants européens, pourrait bien se matérialiser. Cette année, la Zone Euro risque ainsi de conjuguer une inflation élevée et une croissance anémique. La société de gestion Schroders anticipe pour 2025 une croissance limitée à 1,1 % et une inflation globale de 2,4 %.
Des indicateurs économiques en berne
Les indicateurs économiques de la Zone Euro n’affichent pas de signes encourageants. Certes, la confiance des investisseurs mesurée par l’indice Sentix a rebondi davantage qu’attendu en février, passant de -17,7 à -12,7. Toutefois, ce regain demeure fragile. Même constat pour l’indice de confiance des consommateurs, qui s’est établi à -13,6 en février, conformément aux prévisions.
Par ailleurs, la production industrielle a reculé plus qu’escompté en décembre, enregistrant une baisse de 1,1 % en rythme mensuel.
La Banque centrale européenne est encore plus pessimiste que les équipes Schroders pour la croissance de la zone euro, en anticipant un tout petit de + 0,9 %.
Au cours des prochaines semaines, une attention particulière devra également être portée aux négociations commerciales entre les pays européens et les États-Unis. Donald Trump a laissé entendre que les droits de douane pourraient être relevés de 25 %. Heureusement, l’histoire récente avec le Mexique et le Canada l’a montré : le pire n’est jamais certain.
Selon des estimations du cabinet Oxford Economics, de telles augmentations tarifaires pénaliseraient particulièrement le Danemark et l’Irlande, très exposés au secteur pharmaceutique, ainsi que l’Allemagne et la Slovaquie, fortement dépendantes de l’industrie automobile.
La BCE à la manœuvre
En zone euro, l’inflation devrait ressortir à 2,2% en février sous l’effet de la baisse des prix de l’électricité en France.
La Banque centrale européenne (BCE) a donc profité de l’occasion pour annoncer une nouvelle réduction de 25 points de base de ses taux directeurs, une décision attendue qui ramène le taux de dépôt à 2,50 %. Il s’agit du sixième assouplissement depuis juin 2024, un rythme inédit depuis les années 2010.
Aux yeux de Christine Lagarde, cette mesure vise à stimuler une économie européenne moribonde et à stabiliser l’inflation autour de 2 % à moyen terme.
Dans son communiqué, la BCE se félicite du fait que « le processus de désinflation est en bonne voie ». Toutefois, l’institution reconnaît que les prix de l’énergie continuent de peser lourdement sur l’indice des prix. Plus encore, elle se trouve contrainte de composer avec une situation économique et géopolitique qui évolue de manière radicale d’un jour à l’autre. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, n’a d’ailleurs pas dissimulé que les membres de l’institution naviguaient actuellement à vue lorsqu’il s’agissait de dessiner la politique monétaire du continent.
Des investissements massifs dans le secteur de l’armement
En l’espace de quelques jours, les dirigeants européens ont radicalement modifié leur discours. La volonté des États-Unis de se retirer du bourbier ukrainien, tout en conservant le contrôle sur les minerais stratégiques, pousse l’Europe à renforcer considérablement ses investissements dans le secteur de la défense.
– Le plan de relance allemand
Le discours d’Emmanuel Macron illustre cette atmosphère générale : « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les fruits de nos engagements. »
Dans ce contexte morose, c’est l’Allemagne qui a marqué les esprits. Forte de ses finances publiques gérées d’une main de maitre, les conservateurs allemands (CDU), arrivés en tête aux dernières élections, se sont alliés avec les sociaux-démocrates (SPD) pour créer un fonds d’infrastructures de 500 milliards d’euros sur dix ans et réformer le frein à l’endettement, afin de permettre une hausse significative des dépenses militaires. L’accord stipule ainsi que les États fédéraux pourront enregistrer des déficits allant jusqu’à 0,35 % du PIB, une possibilité qui était impensable jusque-là. Les dépenses militaires pourraient ainsi atteindre, selon les prévisions, au moins 100 milliards d’euros par an, soit le double de leur niveau actuel.
– Un impact sur les taux
À cela s’ajoute la proposition de la Commission européenne de suspendre les règles de stabilité budgétaire, afin d’allouer 150 milliards d’euros au secteur de la défense. Vous comprendrez alors que les vannes sont désormais grand ouvertes.
Wilfried Galand voit en ses annonces un véritable game changer pour l’économie européenne : « Plombée par l’Allemagne et la France, l’économie européenne peine à décoller et stagne à des niveaux proches de la récession, malgré le dynamisme de l’Espagne. C’est bien la déflation qui menaçait, avec des prix à la production en Allemagne en baisse continue, mais l’annonce de vastes programmes européens de souveraineté change profondément la donne. »
Ces annonces ont toutefois entraîné une forte remontée des taux longs en Europe : le rendement des obligations à 10 ans de l’Allemagne a grimpé de 35 points de base, atteignant 2,83 %, son équivalent français a grimpé dans les mêmes proportions pour atteint 3,54 %.
Le casse-tête économique chinois
Xi Jinping s’apprête à intensifier la politique de relance économique du pays, révélant en filigrane des difficultés plus profondes que ne le suggèrent les chiffres officiels du Parti communiste chinois.
Les exportations : un moteur économique menacé
C’est une bien mauvaise nouvelle pour le gouvernement chinois : les exportations connaissent un net ralentissement. Selon les données publiées ce vendredi par les douanes chinoises, elles n’ont progressé que de 2,3 % en janvier et février par rapport à la même période l’an passé. Un chiffre bien en deçà des attentes, qui tablaient sur une hausse de 5,9 %, et très loin de la progression de 10,7 % enregistrée en décembre.
Ce ralentissement s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes avec Washington. Donald Trump s’est lancé dans une véritable “guerre commerciale” contre Pékin, imposant une augmentation de 20 % des droits de douane sur les produits chinois importés aux États-Unis. En représailles, les autorités chinoises prévoient d’appliquer des taxes allant jusqu’à 15 % sur une série de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le blé.
Ces turbulences pourraient porter un coup sévère aux exportations chinoises, qui ont longtemps été l’un des moteurs de la croissance du pays, alors que la consommation des ménages peine à se redresser et que le secteur immobilier traverse une crise profonde.
Le gouvernement desserre la bride
Le Parti communiste chinois tient actuellement à Pékin sa plus grande réunion politique annuelle, connue sous le nom des “Deux Sessions”. À cette occasion, le gouvernement a affiché des ambitions économiques qui paraissent, pour certains observateurs, relever davantage du vœu pieux que d’une réelle projection. L’objectif officiel d’une croissance du PIB “d’environ 5 %” pour cette année semble difficilement atteignable, les analystes internationaux anticipant plutôt un taux proche de 4 % en 2025.
Pourtant, Xi Jinping s’est donné les moyens de croire en cet objectif. Il a ainsi validé une augmentation des dépenses publiques en portant l’objectif de déficit public de 3 % à 4 %. Ce sont ainsi 155 milliards d’euros de dépenses supplémentaires qui seront engagées, financées par un recours accru aux emprunts d’État, qui atteindront 233 milliards d’euros au total.
Ces mesures visent à soutenir la consommation et à « stimuler autant que possible la demande intérieure ».
Mel Siew, gérant de portefeuille chez Muzinich & Co, souligne l’importance de ce changement de cap de l’exécutif chinois : « Pour la première fois en 14 ans, l’orientation de la politique monétaire de la Chine est devenue ‘modérément souple’, en rupture avec l’approche ‘prudente’ de 2017-2018. C’est un signal fort indiquant que les autorités privilégient désormais la croissance, ce qui devrait logiquement renforcer la capacité du pays à atténuer l’impact négatif des droits de douane. »
Reste à voir si ces efforts suffiront à inverser la tendance.
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