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Point sur les Marchés Financiers - Mai 2025

  • Photo du rédacteur: vnlpatrimoine
    vnlpatrimoine
  • 20 mai
  • 13 min de lecture

Les points clés

  • Après les turbulences de la première semaine d’avril, les marchés financiers semblent retrouver un peu de sérénité. La volatilité, mesurée par l’indice VIX, s’est nettement repliée, passant de 52 à 25 points depuis le 9 avril.

  • La Chine affirme sa volonté de renouer le dialogue avec l’administration américaine, dans l’espoir de parvenir à un accord commercial équilibré entre les deux superpuissances économiques.

  • Aux États-Unis, la stagflation s’impose de plus en plus comme un scénario crédible aux yeux des analystes.

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Quelles performances sur les marchés financiers ?


  • Conflit entre l’Inde et le Pakistan

Les tensions entre l’Inde et le Pakistan semblent avoir franchi un seuil critique, faisant craindre une dangereuse escalade.En réponse à l’attentat du 22 avril survenu dans la région du Cachemire indien, New Delhi a mené des frappes ciblées contre ce qu’elle qualifie d’« infrastructures terroristes ». De son côté, l’armée pakistanaise affirme avoir abattu cinq avions de chasse indiens ainsi qu’un drone de combat, marquant une intensification sans précédent du conflit.


Malgré la gravité de la situation et la volatilité potentielle qu’elle pourrait induire, les marchés financiers demeurent, pour l’heure, étonnamment impassibles face à cette montée des tensions militaires entre les deux puissances nucléaires.


  • Marchés actions : une tempête boursière brève, mais d’une rare intensité

La tempête qui a balayé les marchés boursiers début avril fut aussi brève que spectaculaire. Entre le 2 et le 9 avril, dans le sillage des annonces fracassantes de Donald Trump visant à durcir les droits de douane sur les importations américaines, pas moins de 12 000 milliards de dollars se sont évaporés des places financières américaines.


Mais à partir du 9 avril, les grands indices boursiers ont repris leur ascension, amorçant un net rebond. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2025, le S&P 500 affiche un recul limité de 3,1 %. En Europe, la tendance est nettement plus positive : le CAC 40 progresse de 4,5 %, tandis que le DAX 30 s’envole de 16 %. La Bourse italienne, incarnée par le FTSE MIB, grimpe quant à elle de 12 %.


En Asie, la situation est plus contrastée. L’indice chinois Shanghai Composite reste proche de l’équilibre (+0,5 %), tandis qu’en Inde, le Nifty 50 enregistre une hausse de 3 %.


Malgré ce rétablissement rapide, Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, prévient : « Le mois d’avril restera dans les annales de l’histoire boursière. Certes, l’incertitude fait partie intégrante de la vie des marchés financiers, mais la remise en cause simultanée de plusieurs piliers fondamentaux — la monnaie de réserve mondiale, le libre-échange, l’indépendance de la Réserve fédérale et le statut de valeur refuge des bons du Trésor américain — est sans précédent. »


Si les entreprises devront composer avec un nouvel ordre commercial mondial, les analystes conservent une certaine confiance. Aux États-Unis, les bénéfices des sociétés cotées devraient progresser en moyenne de 16 % en 2025 par rapport à 2024. En Europe, la croissance attendue des profits avoisine les 14 % pour l’année.

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  • Les tensions se matérialisent aussi sur les marchés obligataires

Les tensions restent vives sur le marché des obligations d’État américaines, un colosse financier pesant près de 29 000 milliards de dollars. Dans un climat marqué par la crainte d’une inflation durable, l’explosion de la dette publique et des politiques commerciales jugées erratiques, les rendements obligataires se sont fortement tendus ces dernières semaines.


Le taux des Treasuries à dix ans s’établit désormais à 4,33 %, contre 2,50 % pour son homologue allemand, le Bund. Ce différentiel traduit non seulement les inquiétudes liées à la trajectoire budgétaire des États-Unis, mais aussi l’anticipation d’un retour des tensions inflationnistes, ravivées par les récentes hausses tarifaires américaines.


Sur le segment des obligations d’entreprises, les primes de risque — ou spreads de crédit — s’élargissent, particulièrement pour les dettes les moins bien notées. Ce mouvement reflète la nervosité des investisseurs face à un environnement devenu plus incertain et potentiellement plus volatil.


  • Coup de froid sur le baril de pétrole

Les prix du pétrole brut ont lourdement chuté, tombant à 60 dollars le baril. À l’origine de cette dégringolade : l’annonce par l’OPEP d’une nouvelle augmentation de la production attendue pour le mois de juin — la seconde en deux mois après celle de mai. Cette décision, représentant un surplus de 411 000 barils par jour, a profondément déséquilibré le marché.


Au sein même du cartel, des tensions couvaient déjà. L’Irak et le Kazakhstan ont récemment excédé leurs quotas de production, fragilisant davantage la cohésion du groupe. Cette nouvelle hausse semble donc être autant un signal politique qu’une réponse économique : une façon pour certains membres de l’OPEP d’affaiblir leurs partenaires les plus indisciplinés.


Mais cette décision est aussi interprétée comme une manœuvre diplomatique à l’égard de Washington, à la veille d’une visite de Donald Trump au Moyen-Orient. En avril, le baril américain a ainsi perdu 18,6 %, sa plus forte baisse mensuelle depuis novembre 2021.


  • L’or, un anxiolytique financier

Face au climat d’incertitude, les investisseurs cherchent à sécuriser leurs avoirs.


Valeur refuge par excellence, l’or suscite donc un engouement croissant, tant auprès des investisseurs privés que de certaines banques centrales désireuses de réduire leur dépendance au dollar. L’once d’or atteint ainsi de nouveaux sommets, franchissant brièvement la barre des 3 500 dollars l’once établi le 22 avril dernier, soit une envolée de près de 40 % en l’espace d’un an.


Le manque de visibilité sur la scène internationale incite les investisseurs à la prudence vis-à-vis des actifs risqués, favorisant les « safe haven ». Par ailleurs, les incertitudes concernant l’indépendance de la Réserve Fédérale américaine exercent une pression à la baisse sur le dollar, rendant l’or plus attractif pour les investisseurs internationaux. Enfin, les banques centrales, en particulier celles des pays émergents, continuent d’accumuler de l’or dans le cadre d’une stratégie de diversification de leurs réserves et de réduction de leur dépendance au dollar.


Donald Trump anesthésie le commerce mondial

Ce premier trimestre a été marqué par un événement majeur : les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces débuts ont été pour le moins mouvementés. Pour financer de vastes baisses d’impôts sur le revenu, il a enclenché une véritable guerre commerciale avec les principaux partenaires des États-Unis.


  • Une offensive tarifaire sans précédent

Trump avait donné rendez-vous aux Américains le 2 avril dernier pour célébrer ce qu’il a lui-même baptisé le « Jour de la Libération » (« Liberation Day »), marquée par l’instauration de nouveaux droits de douane massifs sur les importations. Objectif affiché : rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis.


La mesure phare ? Un tarif universel de 10 % sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis.


Dans le même temps, un système de surtaxes personnalisées a été instauré, ciblant plus durement les pays affichant les déficits commerciaux les plus importants vis-à-vis des États-Unis. Ces taxes varient entre 20 % et 49 %.


Pour l’heure, ces taux sont gelés — à l’exception notable de la Chine. Washington a en effet décidé de frapper un grand coup en imposant une surtaxe de 145 % sur tous les produits chinois entrant sur son territoire. En représailles, Pékin a riposté avec des droits atteignant désormais 125 % sur les biens américains.


  • Négociations tous azimuts : l’art du deal version Trump

Fidèle à sa philosophie exposée dans son livre “The Art of the Deal”, Donald Trump semble avoir misé sur une stratégie de confrontation, afin de négocier ensuite en position de force avec ses partenaires commerciaux.


Les dirigeants japonais espèrent trouver un accord avec l’administration américaine avant fin juin sur les droits de douane. La Chine, elle-même, se dit prête à négocier.


Une approche confirmée par Scott Bessent, actuel secrétaire au Trésor, qui a déclaré s’attendre à une « désescalade imminente » du conflit commercial avec la Chine. Des pourparlers sont en préparation, et Donald Trump a d’ores et déjà esquissé une ouverture, annonçant que : « Les droits de douane sur les produits chinois baisseront considérablement… mais ne seront pas ramenés à zéro ».


Les discussions se poursuivent également avec l’Europe, tandis que Washington vient de conclure un accord stratégique avec l’Ukraine portant sur les minerais critiques.


Pour les analystes d’Altitude Investment Manager « ceci implique que la mondialisation des échanges, qui a été le leitmotiv au cours des 80 dernières années, sera continuellement freinée. »


  • Les anticipations de l’OMC

Malgré ces avancées, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) exprime une vive inquiétude face aux orientations protectionnistes de l’administration Trump. Ces mesures font craindre un net ralentissement des échanges internationaux et une fragmentation accrue de l’économie mondiale.


Selon les dernières estimations de l’OMC, le volume du commerce mondial de marchandises pourrait reculer de 0,2 % à 1,5 % en 2025, en fonction de l’ampleur des restrictions douanières effectivement mises en œuvre.


Le repli serait particulièrement marqué en Amérique du Nord, où les exportations pourraient s’effondrer de 12,6 %, tandis que les importations reculeraient de 9,6 %. À l’inverse, l’Asie devrait faire preuve de résilience, avec une croissance modérée mais positive de 1,6 % pour ses exportations comme pour ses importations. L’Europe, de son côté, enregistrerait une remontée timide, estimée à 1,0 % pour les exportations et 1,9 % pour les importations.


Face à ces turbulences, la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a rappelé le rôle central des membres de l’organisation. « Les membres doivent plus que jamais se mobiliser pour redonner de l’élan à l’OMC et garantir des conditions de concurrence équitables à l’échelle mondiale », a-t-elle souligné.


États-Unis : la fin de l’exceptionnalisme américain ?

La théorie de l’exceptionnalisme américain repose sur la place hégémonique que doit occuper les Etats-Unis à travers le monde. Pour David Ross, gérant actions internationales chez La Financière de l’Échiquier (LFDE) cette position est largement mise à mal par la politique initiée par Donald Trump : « Depuis le « Libération Day », les marchés ont commencé à évaluer le risque d’une politique erratique. L’une des forces de l’économie américaine ces 30 dernières années a été sa stabilité, exempte de grands changements de politiques. Aujourd’hui, l’exceptionnalisme américain n’est plus. »


  • L’emploi américain résiste … pour l’instant

Si certains signaux avancés vacillent, la résilience de l’économie américaine demeure. La confiance des consommateurs s’effrite, en témoigne le repli marqué de l’indice du Conference Board, qui a perdu 7,2 points en un mois pour s’établir à 92,9 — un recul plus fort qu’attendu, les analystes tablant sur 93,5.


Cependant, le marché du travail américain affiche une résilience notable. En avril, 177 000 emplois ont été créés dans le secteur non agricole, contre 185 000 en mars. Ce chiffre dépasse nettement les attentes des analystes, qui tablaient sur seulement 138 000 créations, soit un écart favorable de 42 000 postes.


Le taux de chômage, quant à lui, demeure stable à 4,2 %, signe d’une certaine solidité de l’économie malgré un environnement international tendu.


Cependant, quelques ombres viennent ternir ce tableau. La dynamique salariale ralentit, avec une hausse des rémunérations limitée à +0,2 % en avril. Surtout, les chiffres de l’emploi des mois précédents ont été révisés à la baisse : pas moins de 58 000 emplois ont été retranchés des données initialement publiées pour février et mars.


Autre signal préoccupant : le chômage de longue durée progresse. Désormais, 23,5 % des chômeurs sont sans emploi depuis plus de 27 semaines, un indicateur souvent associé à une détérioration sous-jacente du marché du travail.


  • Stagflation : le scénario prend de l’ampleur

Le risque d’un scénario de stagflation — cette combinaison redoutée de stagnation économique et d’inflation persistante — semble désormais plus tangible aux États-Unis. Les craintes des investisseurs sont doubles : d’une part, celles liées à un net ralentissement de la croissance, voire à une récession ; d’autre part, celles relatives aux tensions inflationnistes provoquées par la récente flambée des droits de douane.


En tenant compte des hausses tarifaires annoncées par l’administration Trump, la croissance du PIB américain devrait plafonner à 1,8 % cette année, bien en deçà des 2,7 % anticipés en début d’année. Ce ralentissement marque une rupture brutale dans le cycle économique, et ce, dans un contexte de désordre commercial mondial.


Sur le front des prix, les données les plus récentes offrent un répit relatif. L’inflation sous-jacente (Core CPI), indicateur privilégié de la Réserve fédérale, a fléchi de 3,3 % en janvier à 3,1 % en février, pour atteindre 2,8 % en mars. Mais ces chiffres restent provisoires, car ils ne tiennent pas encore compte des effets potentiels — et difficilement quantifiables à ce stade — de la hausse des droits de douane sur les prix à la consommation. Une incertitude soulignée par Jerome Powell, président de la Fed, qui s’est montré préoccupé par les pressions inflationnistes à venir.


Le ressenti des ménages va dans le même sens. Selon l’enquête de l’Université du Michigan, les anticipations d’inflation à long terme atteignent désormais leur plus haut niveau depuis trois décennies, illustrant une perte de confiance dans la stabilité future des prix.


  • L’inflexibilité de la FED

Pour mémoire, la Fed poursuit un double mandat : contenir l’inflation autour de sa cible de 2 %, tout en favorisant des conditions de plein emploi. Mais la conjoncture actuelle rend l’équation particulièrement délicate. Pour l’heure, le président de la Fed demeure donc inflexible sur une éventuelle baisse de taux, résistant aux pressions politiques et privilégiant une approche rigoureusement fondée sur les données économiques.


David Kohl, chef économiste de Julius Baer, ne cache pas son inquiétude : « Nous relevons à 50 % la probabilité d’une stagnation prolongée dans les mois à venir, réunissant les critères d’une récession. Le renforcement des droits de douane sur les importations américaines accroît les risques de ralentissement, mais il fait aussi grimper les anticipations d’inflation, alimentant un climat d’incertitude sans précédent. Contrairement aux récessions classiques, généralement déflationnistes, ce contexte pourrait déboucher sur une véritable stagflation, marquée par une croissance atone et des tensions inflationnistes persistantes. »


Zone euro : une économie qui résiste, malgré les vents contraires


Bien que le FMI ait revu à la baisse sa prévision de croissance pour la zone euro en 2025 — de 1 % à 0,8 % — les premiers signes conjoncturels de l’année laissent entrevoir une certaine résilience économique. Au premier trimestre, le PIB de la zone euro a progressé de 0,4 %, une performance légèrement supérieure aux anticipations.


  • Un premier trimestre encourageant

Le dynamisme reste contrasté entre les pays. L’Espagne (+0,6 %) et l’Italie (+0,3 %) endossent le rôle de locomotives. En revanche, la France (+0,1 %) et l’Allemagne (+0,2 %) peinent à redémarrer pleinement.


Parmi les principaux indicateurs économiques publiés ces dernières semaines, on peut citer l’indice composite de l’activité globale publié par la Hambourg Commercial Bank (HCOB). Celui-ci s’est replié à 50,1 en avril, son plus bas niveau depuis quatre mois, après 50,9 en mars. Rappelons qu’un indice supérieur à 50 signale une expansion de l’activité, tandis qu’un chiffre inférieur suggère une contraction.


Si l’indice des services est passé en zone de repli (49,7), la surprise est venue du secteur manufacturier : son indice s’est redressé à 51,2, signe d’une reprise modeste mais réelle dans l’industrie.


Par ailleurs, le moral des investisseurs, mesuré par l’indice Sentix, s’est redressé plus vite que prévu. Après une chute brutale en avril à -19,5, consécutive à l’annonce de nouveaux droits de douane américains, il est remonté à -8,1 en mai, bien au-delà des attentes des analystes (-12,5).


Sur le front de l’emploi, le taux de chômage a été révisé à la hausse de 0,1 point en février, à 6,2 %. Toutefois, sur un an glissant, il recule de 0,3 point. En mars, 12,9 millions de personnes étaient sans emploi dans la zone euro, un chiffre en baisse.


  • La BCE poursuit prudemment sa détente monétaire

Malgré les incertitudes croissantes liées aux tensions commerciales et géopolitiques, la Banque centrale européenne poursuit l’assouplissement de sa politique monétaire. Fin avril, elle a procédé à une septième baisse consécutive de ses taux depuis juin 2024, abaissant le taux de dépôt de 0,25 point, à 2,25 %.


Cette décision a été rendue possible par le reflux progressif de l’inflation : celle-ci s’est établie à 2,2 % en mars, un niveau légèrement supérieur à la cible officielle de la BCE, mais en ligne avec la trajectoire de désinflation amorcée depuis plusieurs mois.


Dans ce contexte, la politique monétaire de la BCE n’est désormais plus considérée comme « restrictive ». Elle aurait atteint une zone dite de « neutralité », c’est-à-dire un niveau — estimé entre 1,75 % et 2,25 % — qui ne stimule ni ne freine sensiblement l’activité économique.


La BCE reste toutefois sur ses gardes. Son orientation dépendra largement de l’évolution des données macroéconomiques et de l’environnement géopolitique.


Si les représailles tarifaires de l’Union européenne restent limitées, leur impact inflationniste devrait être marginal. La baisse durable des prix de l’énergie pourrait continuer d’exercer un effet désinflationniste, compensant partiellement les hausses de prix induites par les perturbations commerciales.


Enfin, un ralentissement plus marqué de l’activité économique renforcerait les pressions à la baisse sur les prix, laissant à la BCE une marge de manœuvre en cas de choc conjoncturel.

Christine Lagarde assume pleinement cette prudence stratégique : « La plupart des indicateurs de l’inflation sous-jacente suggèrent un retour durable de l’inflation vers notre objectif de 2 % à moyen terme. Toutefois, les perturbations croissantes du commerce mondial accentuent les incertitudes qui pèsent sur nos perspectives. Dans ce climat d’instabilité exceptionnelle, nous adopterons une approche guidée par les données, en évaluant à chaque réunion la posture appropriée. Aucun engagement ne sera pris par avance quant à la trajectoire des taux. »


Chine : un accord commercial possible avec les États-Unis ?


Alors que de nombreux économistes prévoyaient un ralentissement de la croissance chinoise à 4 %, contre une estimation de 4,6 % formulée en janvier, les dernières semaines ont révélé une vigueur économique inattendue. Au cours du premier trimestre, le produit intérieur brut a ainsi progressé de 5,4 %, surpassant les prévisions de 5,1 % et enregistrant une hausse de 1,2 point par rapport au trimestre précédent. Une performance d’autant plus remarquable que les relations commerciales avec les États-Unis n’ont cessé de se tendre ces derniers mois.


  • Croissance : un souffle inattendu

Ce dynamisme trouve en partie son origine dans l’envolée des exportations, en hausse de 12 % sur un an — un chiffre trois fois supérieur aux anticipations des analystes. Les consommateurs américains, anticipant une augmentation des droits de douane, ont intensifié leurs achats de produits chinois, qui affichent une croissance de 9 %.


Malgré les incertitudes liées à la guerre commerciale, les autorités chinoises se veulent rassurantes. Elles affirment disposer d’un éventail d’outils politiques et d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir l’activité économique.


Depuis le début de l’année, Pékin a ainsi déployé plusieurs mesures destinées à stimuler la demande intérieure. L’une des plus concrètes consiste en l’allocation de 300 milliards de yuans supplémentaires afin de subventionner l’achat de véhicules, de smartphones et d’électroménagers.


Cette semaine, la Chine a annoncé une nouvelle série de mesures destinées à soutenir son économie. La Banque centrale chinoise a ainsi abaissé le taux de réserve obligatoire de 0,5 %, libérant des liquidités pour encourager les prêts. Dans le même élan, le taux appliqué aux premiers achats immobiliers, pour les crédits d’une durée supérieure à cinq ans, a été réduit de 2,85 % à 2,6 %. Par ailleurs, Pékin prévoit d’alléger encore les exigences de réserve imposées aux banques et d’injecter des capitaux dans des secteurs jugés stratégiques, tels que l’industrie, l’innovation technologique et les services.


Mais une ombre significative vient ternir ce tableau : l’indice PMI manufacturier est tombé à 49,0, signalant une contraction de l’activité industrielle — un seuil critique, sous la barre symbolique des 50, et son niveau le plus bas depuis deux ans.


  • Guerre commerciale : le paroxysme des tensions

Les relations commerciales sino-américaines atteignent aujourd’hui un point de rupture. Selon l’Organisation mondiale du commerce, les échanges de marchandises entre les deux puissances pourraient chuter de 80 %.


Washington a imposé de nouveaux droits de douane atteignant un taux prohibitif de 145 % sur les importations chinoises. Pékin a riposté par des surtaxes allant jusqu’à 125 %. Toutefois, les smartphones et les ordinateurs sont exclus de ces nouvelles taxes américaines. Une taxation excessive aurait, en effet, fait grimper le prix moyen d’un IPhone de 1 200 à près de 2 300 dollars.


Il est à noter que les exportations chinoises vers les États-Unis ne représentent que 2 % du PIB de la Chine. En revanche, une part importante de ces biens — terres rares, métaux industriels, panneaux solaires, composants électroniques — demeure difficilement substituable à court terme pour les États-Unis. La Chine pourrait, en parallèle, intensifier ses échanges avec les pays de la région, réorientant ainsi une partie de son commerce.


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Dans une manœuvre de représailles, Pékin a suspendu les livraisons de sept terres rares stratégiques. Or, la Chine concentre 70 % de la production mondiale de ces ressources essentielles et fournit près des trois quarts des importations américaines dans ce secteur, ce qui lui confère un levier d’influence considérable.


Néanmoins, les autorités chinoises ont récemment tenté de désamorcer les tensions, déclarant leur volonté d’ouvrir un dialogue avec l’administration américaine afin de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant.

 
 
 

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