Point sur les Marches Financiers - Janvier 2025
- vnlpatrimoine
- 15 janv.
- 11 min de lecture
Les points clés
Les marchés financiers ont réalisé de belles performances en 2024.
Le mouvement de hausse des taux s’essouffle aux États-Unis où les taux d’intérêt enregistrent même une légère remontée.
À peine élu, Donald Trump brandit déjà la menace de nouveaux droits de douane pour amener sur la table des négociations ses principaux partenaires commerciaux.
Face à l’instabilité politique française, Moody’s a décidé de rétrograder la note de la dette souveraine de la France, la faisant passer de Aa2 à Aa3.

Quelles performances sur les marchés financiers ?
2024, une belle année pour les marchés financiers
Portés par les « Magnificent 7 » — Alphabet, Amazon, Apple, Meta Platforms, Microsoft, Nvidia et Tesla —, les marchés actions américains ont brillé en 2024, enregistrant des performances remarquables. Le S&P 500 et le Nasdaq, en tête de ce mouvement haussier, ont bondi de près de 30 %.
En Europe, certains indices se sont également illustrés, à l’image du DAX allemand, qui a progressé de près de 20 %.
En Inde, le Nifty 50 a gagné 8,8 % en 2024, tandis que l’indice phare du Japon, le Nikkei 225, a grimpé de 19,2 %. Enfin, en Chine, le Shanghai Composite a enregistré une hausse notable de près de 13 %.
Cependant, l’année dernière, le mauvais élève fut le CAC 40 : l’indice français a reculé de 2 %.
Du côté des obligations, les titres High Yield ont affiché une performance impressionnante, avec des gains de 8,6 % dans la zone euro et de 8,2 % aux États-Unis. Les obligations de catégorie « Investment Grade » ont, quant à elles, progressé plus modestement, enregistrant une hausse globale de 1,1 %.

Performance 2024 sur les marchés financiers
Une décoté des marchés financiers européens
Le désamour des investisseurs pour les marchés actions européens ne faiblit pas. L’Europe accuse une décote historique par rapport aux États-Unis, affichant des multiples de résultats prévus pour 2025 à 13,7 fois, contre 22,2 fois de l’autre côté de l’Atlantique.
Pierre-Alexis Dumont, Directeur des investissements chez Sycomore AM, observe toutefois que « peu de choses suffiraient à ranimer les actions européennes : un plan de relance de l’économie chinoise, une résolution du conflit en Ukraine, un éventuel sursaut économique européen, ou encore la stabilisation des crises politiques en Allemagne et en France, pourraient suffire à inverser le sentiment de marché. »
Il souligne par ailleurs que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, bien qu’il suscite de nombreux débats, n’aura selon lui qu’un impact économique et financier limité.
Une remontée surprise des taux d’intérêt américain
Le mouvement de hausse des taux semble s’essouffler, particulièrement aux États-Unis. Depuis quelques semaines, les taux d’intérêt américains enregistrent même une légère remontée. Les rendements des obligations d’État à 30 ans sont ainsi revenus à des niveaux proches de 5 %, tandis que ceux à 10 ans s’établissent à 4,65 %. Pourtant, ce dernier taux avait chuté à 3,6 % en septembre.
Cette inversion trouve son origine dans une inflation persistante, qui reste supérieure aux objectifs fixés par la Réserve fédérale, ainsi qu’un déficit public atteignant des sommets historiques.
Le niveau d’endettement des États-Unis est désormais si élevé que certains économistes redoutent une dégradation de leur note souveraine. Moody’s, l’agence de notation, pourrait retirer aux États-Unis leur prestigieux « triple A », la meilleure évaluation possible.
Une explosion de la dette mondiale
La dette mondiale a connu une hausse vertigineuse de plus de 12 000 Md$ au cours des trois premiers trimestres de l’année, atteignant un sommet historique de 322 900 Md$. Aux États-Unis, le déficit budgétaire s’est élevé à 1 800 Md$ pour l’exercice 2024, établissant un record inédit en dehors de la période exceptionnelle liée à la pandémie de COVID-19.
Par ailleurs, les projections relatives au coût de la dette américaine laissent entrevoir un avenir préoccupant : d’ici dix ans, un quart des recettes fiscales du pays pourrait être consacré au seul paiement des intérêts de cette dette.
États-Unis, une croissance financée par la dette ?
Donald Trump donne déjà le ton
L’imprévisible Donald Trump s’apprête à devenir, le 20 janvier prochain, le 47ᵉ président des États-Unis. Pour ce second mandat, l’homme d’affaires a déjà annoncé la couleur : il ambitionne de réduire drastiquement le rôle de l’État, d’alléger la fiscalité et de simplifier les réglementations qui pèsent sur les entreprises.
Sur la scène internationale, le président réélu entend renforcer davantage encore les rapports de force en faveur des États-Unis. Sa stratégie repose sur une approche résolument bilatérale, privilégiant des accords négociés au cas par cas avec chaque nation ou organisation, en lieu et place des compromis multilatéraux traditionnels.
Avant même de s’asseoir à la table des négociations, il adopte une posture offensive : il brandit la menace de droits de douane de 10 à 20 % sur toutes les importations, et jusqu’à 60 % sur les produits en provenance de Chine.
Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements chez Sycomore AM, apporte cependant un éclairage nuancé sur cette rhétorique martiale : « Donald Trump pourrait n’utiliser la menace de nouveaux droits de douane que comme un levier dans des négociations musclées, sans réelle intention de les appliquer, ou en les limitant à des proportions bien inférieures à celles annoncées. Une guerre commerciale ouverte et prolongée entre les États-Unis et la Chine reste, de ce fait, peu probable. »
Une économie toujours résiliente, mais explosion de l’endettement
Les récentes statistiques publiées aux États-Unis dressent le portrait d’une économie toujours vigoureuse. La production affiche une accélération supérieure aux prévisions, passant de +2,6 % à +3 % en rythme annuel. La confiance des petites et moyennes entreprises, mesurée par l’indice NFIB, rebondit de manière spectaculaire, grimpant de 93,7 à 101,7 points.
L’indice ISM des services pour décembre 2024 se révèle également meilleur qu’attendu, atteignant 54,1 contre un consensus établi à 53. Parallèlement, l’ISM manufacturier progresse davantage que prévu, passant de 48,4 à 49,3 sur la même période. Dans le secteur immobilier, les prix des maisons continuent leur ascension, enregistrant une hausse annuelle de 0,4 %.
Sur le marché de l’emploi, un atterrissage en douceur semble se profiler. La Réserve fédérale (FED) prévoit une légère augmentation du taux de chômage, qui pourrait atteindre 4,3 % en 2025. Le rapport JOLTS, quant à lui, témoigne d’un marché du travail encore dynamique, avec près de 8,1 millions d’offres d’emploi recensées en novembre, contre 7,84 millions le mois précédent.
L’un des sujets d’inquiétude majeurs reste toutefois l’endettement des ménages. Les défauts de paiement sur les cartes de crédit ont atteint 46 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de 2024, soit un niveau inédit depuis 2010 et une augmentation de 50 % en un an. L’encours total des dettes de cartes de crédit atteint, lui aussi, un sommet historique de 1 166 milliards de dollars.
Néanmoins, l’endettement global des ménages demeure sous contrôle, avec un ratio dette/revenu de 82 %, inférieur à celui observé avant la pandémie de Covid-19 (86 %).
Enfin, les faillites d’entreprises connaissent une hausse de 8 % sur un an, atteignant des niveaux proches de ceux observés après la crise des subprimes.
La FED temporise
Les pressions inflationnistes continuent de peser sur l’économie. Le rapport sur l’indice des prix à la consommation pour le mois de novembre a révélé une augmentation de l’inflation de 2,7 % par rapport à la même période de l’année précédente (contre 2,6 % en octobre). Ce léger rebond démontre, hélas, que la lutte de la Réserve fédérale pour réduire les tensions sur les prix n’est pas encore achevée. Atteindre l’objectif de 2 % fixé par la Fed semble, en effet, un défi de taille.
Pourtant, la Fed a procédé à une troisième réduction de ses taux directeurs depuis septembre. Celle-ci a été de 0,25 point, ramenant les taux dans une fourchette comprise entre 4,25 % et 4,50 %.
Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, a toutefois souligné que « cette décision a été difficile à prendre, mais nous avons jugé qu’elle était la bonne ». Autant dire que la probabilité de nouvelles baisses de taux à court terme par la banque centrale américaine semble désormais se réduire.
En 2025, la Fed devrait ainsi ralentir sa politique d’assouplissement, faute de visibilité quant à l’impact inflationniste des mesures envisagées par Donald Trump.
Le président de la Réserve fédérale d’Atlanta, Raphael Bostic, va même plus loin en déclarant : « Je pense que notre approche politique devra faire preuve de plus de prudence, car nous ne voulons pas réagir de manière excessive à un seul indicateur dans un environnement où les choses peuvent rebondir de manière significative. »
Europe : les pays moteurs en difficultés
Les services de la BCE prévoient une croissance de l’économie de la zone euro de seulement 0,7 % en 2024 et de 1,1 % en 2025.
Des indicateurs mal orientés
Au cours du troisième trimestre de 2024, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, selon les données publiées par Eurostat.
En ce qui concerne l’emploi, les chiffres restent globalement rassurants. Le taux de chômage est demeuré stable en novembre dans la zone euro, à 6,3 % de la population active, un niveau inchangé depuis août. Il en va de même pour le taux d’emplois vacants, qui s’est établi à 2,5 %, en légère diminution par rapport aux 2,6 % enregistrés au deuxième trimestre de 2024.
Cette stabilité se reflète également dans le secteur de la production industrielle, qui a connu une hausse de 0,3 % en octobre dernier par rapport au mois précédent.
Cependant, cette relative accalmie ne saurait dissimuler les nuages qui s’amoncellent au-dessus de la zone euro. Selon les premières estimations, celle-ci a enregistré un excédent de 6,8 Md€ dans ses échanges de biens avec le reste du monde en octobre 2024, mais cet excédent marque une diminution de près de 3 Md€ par rapport à l’année précédente.
Plus préoccupant encore, la confiance des acteurs économiques s’effondre inexorablement. L’indice de confiance des investisseurs Sentix, par exemple, a chuté de -12,8 à -17,5.
L’Indicateur de Sentiment Économique (ISE) de la zone euro a, quant à lui, enregistré une baisse significative, tombant à 93,7 en décembre 2024, son niveau le plus bas depuis novembre 2020, contre 95,8 en novembre, bien en deçà des prévisions qui étaient de 95,6. La dégradation de la confiance s’est particulièrement accentuée parmi les industriels (-14,1) et les consommateurs (-14,5).
La France voit rouge
Alors qu’elle représente 17 % du PIB de la zone euro, la France se trouve désormais à l’orée de la récession. De nombreux indicateurs témoignent du fort ralentissement de l’activité dans l’Hexagone.
Mais au-delà de la crise économique, le pays doit faire face à une instabilité politique qui semble loin d’être résolue. Le gouvernement dirigé par Barnier a chuté, incapable de faire adopter le budget 2025 en raison de l’impasse parlementaire. Et il paraît tout aussi difficile pour le nouveau gouvernement, formé sous l’égide de François Bayrou, d’obtenir un accord avant la fin du mois de mars.
Comme on pouvait s’y attendre, cette instabilité n’est guère appréciée des agences de notation. La première à réagir fut Moody’s, qui a décidé de rétrograder la note de la dette souveraine de la France, la faisant passer de Aa2 à Aa3. L’agence américaine a justifié cette décision en arguant que « les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies au cours des prochaines années. La probabilité que le gouvernement à venir parvienne à réduire durablement l’ampleur des déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine est désormais très faible. »
Selon les dernières prévisions de l’INSEE, la croissance du PIB français devrait se limiter à 0,2 % au premier et au deuxième trimestres de 2025.
Face à ce constat, la Banque de France a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 et 2026. Cette année, la croissance ne devrait pas dépasser 0,9 %, soit 0,3 point de moins que ses précédentes estimations. En 2026, les perspectives s’annoncent encore plus modestes, avec une prévision de croissance anémique de 1,3 %.
L’Allemagne, elle aussi en difficulté
De son côté, l’Allemagne semble également pouvoir éviter la récession cette année. Toutefois, la Banque fédérale d’Allemagne a elle aussi ajusté ses prévisions à la baisse, annonçant désormais une hausse de 0,2 % du PIB en 2025, contre 1,1 % dans ses dernières projections de juin. Pour 2026, la croissance attendue ne devrait pas dépasser 0,8 %, contre 1,4 % auparavant.
La BCE joue la carte de l’apaisement
La Banque centrale européenne (BCE) n’est pas aveugle. Elle ne saurait se résigner à observer, les bras croisés, le ralentissement de la zone euro, en particulier de ses économies majeures. En 2024, la BCE a ainsi décidé de procéder à quatre baisses successives des taux d’intérêt. Son principal taux, celui de la facilité de dépôt, qui s’élevait encore à 4 % en juin dernier, se situe désormais à 3 %.
Dès lors, les taux d’intérêt en zone euro s’approchent de ce seuil jugé « neutre » pour l’économie. « Si la diminution de l’inflation se confirme au cours des prochains trimestres, comme nous l’anticipons, il serait raisonnable de continuer à réduire les taux, sans relâcher l’effort, jusqu’à atteindre ce taux neutre d’ici l’été prochain », déclare François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Ce taux, selon les estimations de la BCE, se situe en moyenne autour de 2 % en zone euro.
Ainsi, l’institution européenne pourrait abaisser ses taux jusqu’à un niveau proche de 2 % d’ici à l’été.
Une telle décision, selon lui, favoriserait « le financement optimal de l’économie, le recul du taux d’épargne des ménages, ainsi que la reprise du secteur immobilier ».
Toutefois, un bémol persiste : l’inflation en zone euro a fait un léger bond en décembre, atteignant 2,4 % sur douze mois, contre 2,3 % en novembre. Cette légère poussée a été alimentée en grande partie par une hausse modérée des prix de l’énergie.
La Chine : le spectre d’un grand ralentissement
L’économie chinoise poursuit son ralentissement. Il semble peu probable que l’objectif de 5 % de croissance soit atteint en 2024. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit en effet une expansion de l’économie chinoise limitée à 4,8 % pour l’année à venir.
Un ralentissement structurel ?
En Chine, les ventes de détail ont déçu en novembre, n’affichant qu’une croissance de 3 % en rythme annuel, loin des 5 % espérés.
Les investissements, bien que toujours en hausse, sont également inférieurs aux attentes, progressant de 3,3 % contre 3,5 % anticipé.
Côté production, le secteur industriel a enregistré une performance solide (+5,4 % en rythme annuel), tout comme le secteur des services (+4,7 %).
Autre point positif, la confiance des directeurs d’achats s’est améliorée en décembre, offrant une agréable surprise dans le secteur des services, où l’indice PMI a bondi de 50 à 52,2. En revanche, dans le secteur manufacturier, l’indicateur est resté quasi stable, passant de 50,3 à 50,1. Néanmoins, la consommation reste atone.
Les exportations demeurent un des principaux moteurs de la croissance, représentant 2 points au troisième trimestre, sous l’effet d’une nette baisse des prix.
Pour mieux saisir l’ampleur des difficultés actuelles de l’économie chinoise, Wilfried Galand, directeur stratégiste chez Montpensier Finance, souligne : « La Chine est capable de produire à elle seule 90 % des batteries au lithium, 120 % des climatiseurs, et même 140 % des panneaux solaires demandés dans le monde ! Pourtant, malgré un rythme d’exportation soutenu – le pays représentant 14 % des exportations mondiales de biens – cela ne suffit pas, et plus de 30 % des entreprises industrielles du pays enregistrent des pertes. »
Le moral des acteurs économiques au plus bas ?
Ces difficultés se reflètent également dans le secteur immobilier, qui peine à sortir de la crise dans laquelle il est plongé. Les mesures annoncées en octobre par le gouvernement chinois n’ont semble-t-il pas produit les effets escomptés. Les ventes de nouveaux logements ont chuté de 17,1 % au troisième trimestre, tout comme les prix, qui ont reculé de 6 % sur la même période.
Wilfried Galand se montre par ailleurs prudent lorsqu’il s’agit d’évaluer la situation économique de la Chine : « Le moral des ménages et des entreprises privées reste faible. Les enquêtes auprès des directeurs d’achat du secteur manufacturier flirtent depuis l’été avec les seuils de contraction, les salaires stagnent et le chômage des jeunes a repris sa hausse, atteignant plus de 19 % malgré la révision méthodologique opérée cet été. »
Un nouveau plan de relance pour convaincre les marchés financiers ?
Conscients des défis auxquels le pays fait face, ainsi que des éventuelles complications que pourrait engendrer le retour au pouvoir de Donald Trump, les dirigeants chinois ont d’ores et déjà annoncé un nouveau cycle de soutien économique pour l’année 2025.
Le Politburo sous la direction du président Xi Jinping a pris l’engagement d’adopter une politique monétaire « modérément souple » en 2025, une décision qui laisse présager de nouvelles baisses des taux d’intérêt et la fin d’une stratégie jugée « prudente ».
Certains analystes prévoient que Pékin pourrait augmenter le déficit budgétaire à hauteur de 3 % lors de la session parlementaire annuelle qui se tiendra en mars. Toutefois, à ce jour, le Politburo n’a pas encore divulgué d’objectifs économiques précis ni de mesures détaillées qui pourraient être mises en œuvre.
Selon Lisheng Wang, analyste chez Goldman Sachs China : « L’assouplissement budgétaire portera principalement la responsabilité de stabiliser la croissance, mais sa composition sera probablement bien différente des cycles passés, mettant davantage l’accent sur la consommation, la production de haute technologie et la gestion des risques, plutôt que sur les investissements traditionnels dans l’infrastructure et l’immobilier. »

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