Marchés financiers & économie : les points clés
- Rémi Vanelslande
- 2 févr. 2024
- 9 min de lecture
Sommaire :
Clôture remarquable des marchés actions en 2023
Renforcement du scénario de "Soft Landing" de l'économie américaine ;
Possibilité d'une récession "technique" déjà amorcée dans l'économie européenne.
Quelles performances sur les marchés financiers ?
Feux d’artifice sur les marchés financiers en 2023
Les marchés financiers furent à la fête en 2023. Malgré la remontée des taux d’intérêt et les risques pesant sur l’économie mondiale, les investisseurs se sont, il est vrai, montrés particulièrement optimistes. L’année s’étant même ponctuée par un impressionnant rallye boursier. Le S&P 500 a ainsi terminé 2023 sur 9 semaines de séances de hausse consécutives pour signer une performance impressionnante de + 26 %.
Les autres grands indices boursiers ne sont pas en reste. Le CAC 40 a grimpé de 16,5 % en 2023. Stellantis (+ 59 %), Saint-Gobain (+46 %) et Publicis (+41 %) clôturent l’année sur le podium des plus fortes hausses de l’indice. En Allemagne, le Dax monte de 13 % tandis qu’au Royaume-Uni, le FTSE 100 a stagné. Au Japon, le Nikkei s’adjuge près de 28 %. Même dynamique pour la bourse indienne où le Nifty 50, l’indice de référence du pays, gagne 19 %.
Parmi les grands marchés financiers, seule la Chine marque le pas. Le Shanghai Composite recule de 11 %.
Comment expliquer de telles performances pour les marchés financiers ? Les analystes mettent notamment en avant la bonne tenue de l’économie américaine et le ralentissement de l’inflation. Du côté des entreprises, la remontée des multiples de valorisation des actions, qui semble avoir été trop sévèrement compressées, fut aussi très appréciée des investisseurs. Enfin, l’Intelligence artificielle (IA) a dopé les perspectives de croissance autour des géants de la tech américaine, notamment des « 7 magnifiques » (Amazon, Microsoft …). Le Nasdaq, qui rassemble les valeurs technologiques aux États-Unis, grimpe ainsi de 43 %. Ce sont d’ailleurs ces valeurs qui ont été les principaux moteurs des marchés actions en 2023. Si l’on regarde les indices avec une pondération égale, les performances se révèlent bien plus modérées.
Le « jackpot » des dividendes
En 2023, les entreprises françaises cotées en bourse se sont montrées très généreuses avec leurs actionnaires. 67,1 milliards ont été ainsi versés par les membres du CAC 40 sous forme de dividendes et 30,1 milliards sous forme de rachats d’actions, soit un total de 97,1 milliards d’euros. Un record ! Parmi les principaux distributeurs figurent TotalEnergies (18,4 milliards), BNP Paribas (9,7 milliards) et LVMH (7,1 milliards).
Les marchés obligataires
Les marchés obligataires se sont aussi très bien comportés. Aux États-Unis, les obligations corporate investment grade (IG) progressent de 7,1%, après la chute de 16,7% en 2022. Le High Yield réalise, quant à lui, un gain de 13,5%. Sur le marché euro, les obligations de qualité gagnent 8,2 % tandis que les titres à haut rendement affichent un gain de 11,8 %.
Mais tous les regards sont désormais tournés vers les banquiers centraux. Les investisseurs étant à l’affut d’un quelconque indice annonçant une future baisse des taux. La récente communication des dirigeants de la FED annoncerait-elle un futur point d’inflexion de la politique monétaire ? La posture du président de l’institution américaine, Jerome Powell, laisse, en effet, présager une possible baisse des taux d’intérêt en 2024. Une position qui se ressent aujourd’hui sur les marchés obligataires.
Le taux à 10 ans américain affichait une baisse de 100 points de base par rapport à son plus haut de l’année (5%) pour s’établir à 4,04 %. Dans le même temps, le Bund allemand a connu une contraction de 65 points de base, clôturant le mois à 2,20 %, après avoir connu un pic à 2,88 %. En France, le taux OAT 10 ans est aujourd’hui proche de 2,7 %, alors que le taux était encore de 3,5 % en octobre dernier.
Le rendement des obligations d’État Italiennes à 10 ans, la référence pour la périphérie de la zone euro, flirte, quant à lui, avec la barre des 4 %.
Sur le segment des obligations privées, le rendement sur le crédit de qualité (Investment Grade) est compris entre 3 et 5 % en Europe ainsi qu’entre 4 et 6 % aux États-Unis. Concernant le High Yield, celui-ci est légèrement supérieur à 6% en zone euro et un peu inférieur à 8 % aux États-Unis.
Quelles sont les perspectives économiques dans le monde ?
USA : le scénario d’un soft landing se dessine
Les États-Unis ne connaissent pas la crise
La vigueur de la croissance US ne manque pas de surprendre les économistes. Portée par la frénésie consommatrice des Américains, la croissance du PIB pour le troisième trimestre 2023 est ressortie à 4,9 % en rythme annualisé, après les 2,1 % au deuxième trimestre. Des chiffres extrêmement élevés qui ont conduit les analystes à réviser à la hausse la prévision de croissance des USA pour 2023, à 2,6 % (contre 2,1 %).
Ces performances éloignent le spectre d’une récession aux États-Unis en 2024 et renforcent encore un peu plus le scénario d’un Soft Landing, c’est-à-dire un atterrissage en douceur de l’économie US.
Plusieurs indices témoignent cependant d’un ralentissement à venir. L’indice PMI manufacturier a baissé en décembre à 47,9, au plus bas depuis juin, sous l’effet d’un recul des commandes.
Le marché du travail américain a également connu un léger ralentissement ces dernières semaines.
Le taux de chômage, attendu à 3,8 % cette année, devrait, ainsi se stabiliser autour des 4,1 % en 2024. Autre élément allant dans ce sens : l’indice des indicateurs avancés (indicateur composite dont l’objet est de signaler à l’avance les points de retournement des cycles économiques) a reculé en novembre de 0,5 %, après avoir marqué le pas en octobre. (- 1 %)
Jerome Powell a lui-même tenu à avertir les analystes : « La croissance de l’activité économique US avait considérablement ralentie ». Pour 2024, la croissance américaine est tout de même attendue en hausse, à 1,4 %.
Vers une baisse des taux en 2024 ?
L’inflation américaine connait un net ralentissement. À tel point que l’objectif des 2 % fixé par la FED semble désormais à porter de main. D’après l’indice CPI publié par le département du Travail, celle-ci a de nouveau baissé au mois de novembre pour s’établir à 3,1 % sur un an. Pour 2024, la secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, anticipe une nouvelle baisse des pressions inflationnistes : « d’ici la fin d’année, l’indice de l’inflation commencera sûrement par le chiffre 2, c’est-à-dire qu’elle sera comprise entre 2,00 et 2,9% ».
La Réserve fédérale américaine joue donc – pour l’instant – la carte du statu quo, en laissant ses taux directeurs inchangés pour la troisième fois de suite. Ces derniers se situant entre 5,25 % et 5,50 %.
Jerome Powell, le président de la FED, s’est même permis d’adopter un ton plus accommodant : « Bien sûr, la question qui commence à faire jour est celle de savoir quand il sera opportun de réduire la politique monétaire restrictive ».
Faut-il pour autant anticiper une baisse des taux en 2024 ? Les analystes tablent sur trois ou quatre baisses l’année prochaine, pour amener les taux autour de 4,6 % fin 2024. Trop optimiste ? Le président de la FED a reconnu qu’un tel calendrier avait été « un sujet de discussion » au cours de la réunion du Comité.
L’Europe : une récession à venir ?
Un ralentissement marqué
La Zone Euro traverse une zone de turbulence. En 2023, le PIB devrait légèrement augmenter de 0,6 %. Mais la probabilité que la zone euro soit déjà en récession est, en réalité, particulièrement élevée. Le PIB de la zone euro s’est, en effet, contracté de 0,1 % au troisième trimestre (T3) par rapport aux trois mois précédents. Et si le PIB européen baisse de nouveau au quatrième trimestre 2023, alors le vieux continent entrera techniquement en récession. Or, selon des économistes interrogés par Bloomberg, l’économie de la zone euro devrait reculer de 0,1 % au dernier trimestre de l’année.
Dans une note publiée début janvier, la Banque Nationale de République tchèque dresse d’ailleurs un bilan insatisfaisant de la situation budgétaire de la plupart des pays de la zone euro : « L’environnement économique est peu glorieux, les déficits budgétaires dus à la crise du coronavirus ne se résorbant que lentement et les niveaux d’endettement de certains pays atteignant les limites de la viabilité ».
Des indicateurs mal orientés
Comment leur donner tort ? Les indicateurs économiques sont quasiment tous mal orientés. L’indice PMI composite (qui rassemble l’activité manufacturière et celle des services) a ainsi reculé pour le septième mois consécutif à 47,0, contre 47,6 en novembre. Le constat vaut également pour les activités de services dont l’indice PMI perd du terrain en passant de 48,7 à 48,1.
Selon les derniers chiffres d’Eurostat, la production industrielle de la zone euro a également baissé de 0,7 %, soit une baisse de 6,6% en glissement annuel.
Et le marché du travail, qui se démarquait jusqu’ici par son dynamisme, commence à montrer des signes de faiblesses. L’indice composite de l’emploi s’est établi à 49,6, son niveau le plus bas depuis trois ans.
Ces signaux faibles ont amené les analystes à revoir à la baisse leurs projections de croissance en zone euro. Ces derniers anticipent une croissance de 0,8 % en 2024, contre 1 % en septembre, puis de 1,5 % en 2025 et 2026.
Inflation : des chiffres contrastés
Et l’inflation dans tout cela ? Elle est malheureusement repartie à la hausse en décembre, à 2,9 % sur un an, après 2,4 % en novembre. Si ce chiffre marque un petit coup d’arrêt, il doit toutefois être relativisé. L’inflation corrigée des prix très volatils de l’énergie et de l’alimentation continue de baisser.
Selon la BCE, l’inflation dans la zone euro devrait reculer à 2,7 % en 2024 puis à 2,1 % en 2025 et à 1,9 % en 2026.
Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale européenne (BCE), a pris le soin de rappeler à l’ordre tous ceux qui anticipaient déjà une baisse des taux : « La bataille contre l’inflation n’est pas terminée ». En fin d’année dernière, Peter Kazimir, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, s’était même permis de rappeler qu’une « baisse de taux dès le premier trimestre relevait de la science-fiction ». En décembre, l’institution européenne a, sans surprise, maintenu ses taux inchangés. Le taux de dépôt qui fait office de référence demeure à 4 %, soit son plus haut niveau depuis le lancement de la monnaie unique.
Les convictions de VNL Patrimoine concernant les marchés financiers
La récente hausse des marchés financiers, avec des gains de 12% à 15% respectivement pour les marchés européens et américains au cours des deux derniers mois de l'année 2023, trouve son origine dans l'anticipation d'un changement de cap des banques centrales et la prévision d'une baisse des taux de la Fed au cours de l'année 2024, motivée par le processus de désinflation. Après une année dominée par les données sur l'inflation, l'attention de la Fed devrait maintenant se porter sur les indicateurs de croissance.
Malgré les prévisions d'un atterrissage en douceur, le marché intègre actuellement entre 5 et 6 baisses de taux pour la Fed cette année. La question cruciale demeure : ces baisses de taux anticipées seront-elles motivées par la désinflation (en vue de normaliser les taux directeurs) ou par le ralentissement de la croissance (nécessité de soutenir l'activité économique) ? Avec près de 50% de la population appelée aux urnes cette année (en Europe, aux États-Unis, en Inde, etc.), il est noté historiquement que les périodes électorales ont peu, voire aucun impact sur les marchés.
Pour entamer cette nouvelle année, VNL Patrimoine maintient une position neutre à la fois sur les actions et les obligations.
Les marchés financiers : un essoufflement après la poussée récente ?
Suite au fort rallye de fin d'année propulsant certains indices proches de leurs sommets, une certaine prudence s'impose en raison du risque de correction à court terme.
Allocation par zone géographique
Dans un contexte de ralentissement économique, VNL Patrimoine privilégie les valeurs de croissance et de qualité, historiquement performantes pendant ces périodes, par rapport aux valeurs dites "value" ou cycliques. Les valeurs européennes sont considérées comme structurellement plus cycliques, tandis que le marché américain a historiquement surperformé les marchés mondiaux en période de récession.
Allocation par taille de capitalisation
La préférence de VNL Patrimoine va toujours aux grandes capitalisations sur les marchés financiers. Malgré un écart de valorisation historiquement élevé par rapport aux petites et moyennes capitalisations, et malgré l'engouement récent des investisseurs pour ces dernières, un ralentissement économique associé à des taux plus élevés reste un frein pour ces valeurs.
Allocation par thématique
VNL Patrimoine apprécie le secteur des technologies, en particulier pour les entreprises axées sur l'intelligence artificielle. Cependant, l'opportunité technologique est vaste, et les entreprises gagnantes seront celles qui parviendront à maintenir des prix stables dans un environnement où la baisse de l'inflation semble désormais ancrée. Cette préférence s'étend également au secteur de la santé, considéré comme défensif et ayant démontré sa résilience par rapport au marché en période de ralentissement.
La correction significative observée au cours des deux dernières années sur les actifs "verts" est perçue par VNL Patrimoine comme une opportunité attrayante pour les investisseurs à long terme. La perspective de baisses des taux d'intérêt, anticipée par le marché, constitue un facteur de soutien supplémentaire.
Marchés obligataires : une classe d'actifs à surveiller de près
VNL Patrimoine maintient une position neutre sur les obligations, mais avec un biais positif. Historiquement, les obligations ont performé après la fin d'un cycle de hausse des taux. À l'approche des premières décisions monétaires de l'année, des mouvements momentanés à la hausse et à la baisse sur la courbe des taux sont envisageables, justifiant ainsi le maintien d'une position neutre pour le moment.
Dans le domaine du crédit investment grade et des souverains privilégiés, VNL Patrimoine souligne que les taux réels sont positifs, surtout aux États-Unis où la profondeur de marché offre une meilleure diversification par rapport au marché européen. Malgré des spreads légèrement supérieurs à la moyenne historique, le taux de défaut reste historiquement bas, offrant un potentiel de resserrement plus important.
En ce qui concerne les dettes souveraines, VNL Patrimoine note que les taux sans risque continuent de rémunérer, assurant une protection du portefeuille en cas de déviation par rapport au scénario central et limitant le risque du portefeuille obligataire. Une gestion dynamique de la duration est recommandée pour s'adapter à la période où la volatilité des taux peut demeurer importante.


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